Publié le 06-03-2018

Pétition Adnen Meddeb pour la Culture et la Dignité : quel rôle pour la culture dans toutes ces mutations ?

Bon nombre d’artistes et de personnalités du monde de la culture ont lancé une pétition qu’ils ont dédiée au jeune cinéaste, Adnen Meddeb, décédé avant-hier à Hammam Laghzez. 



Pétition Adnen Meddeb pour la Culture et la Dignité : quel rôle pour la culture dans toutes ces mutations ?

Il s'agit d'une pétition dans laquelle ils s’interrogent sur le statut de la culture et son rôle dans les changements qui surviennent dans la politique du pays.

« A l’aube de la formation d’un gouvernement d’unité nationale pluraliste, nous nous interrogeons sur le statut de la culture et son rôle dans toutes les mutations qui ne cessent de façonner notre pays ! Nous déplorons l’absence de vision de politique culturelle. Le mot culture est tout simplement absent du « Pacte de Carthage ».

Pourtant face au terrorisme, nos hommes politiques n’ont eu de cesse de vouloir utiliser dans leurs discours, la « culture » comme principal barrage face à la violence.
Le décalage entre le discours et les perspectives réelles offertes à la culture nous laisse perplexe quant à l’avenir du pays sur le long terme.

Pendant cette période cruciale, celle de l’édification de l’état démocratique, nous sommes en droit de nous poser la question de savoir si la culture est encore cantonnée à servir la propagande officielle, alors que notre nouvelle constitution donne le droit à la culture pour tous.

Six ministres se sont succédé à la tête de la culture en moins de six ans. Ceci ne leur laisse pas le temps de connaître le secteur et ses intervenants. Il leur est encore moins possible de résoudre les problèmes liés à des dossiers épineux qui s’entassent depuis des décennies La nomination du Docteur Mohamed Zinelabidine ne fait qu’agrandir nos craintes. Il nous est très difficile de faire confiance à un ministre qui a mis son savoir au service de la dictature : Les colloques qu’il a organisé à l’intérieur du pays et à l’étranger, ses articles, ses études et ses livres sont éloquents. Ils témoignent de son art de la flatterie et de la flagornerie. Son rôle dans l’accentuation de l’hégémonie du pouvoir autoritaire et du narcissisme de « l’instigateur du changement » est sans conteste.

En récompense aux divers services rendus au pouvoir de Ben Ali, le nouveau ministre de la culture et du patrimoine, avait été nommé directeur général du projet de la Cité de la culture. Considéré comme l’un des grands projets phare de l’ère Ben Ali, celui-ci n’a jamais vu le jour. Dans ce projet, les affaires de corruptions pesant sur la famille de l’ex-président ne sont un secret pour personne, et si le docteur Mohamed Zinelabidine y est étranger, il reste néanmoins complice par son silence.

Le fait même que cet épisode de sa carrière soit « ignoré » dans sa biographie récente n’augure rien de bon. L’absence d’excuses publiques n’arrange pas les choses. Nous n’avons pas réagi à sa nomination à la tête du festival international de Carthage, ni à la programmation érodée et stérile qu’il a proposé, basée sur un populisme d’un autre temps, celle-ci n’offrait ni innovation, ni souffle. Il a échoué sur toute la ligne malgré les efforts déployés.

Si l’intention inavouée de ce gouvernement d’unité nationale est de défricher le terrain pour le retour de l’ancien système à l’image de la cité de la culture rêvée par Ben Ali, qu’il en soit ainsi, nous résisterons pour la culture et notre dignité » lit-on dans le texte.
 


H.B.

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