Publié le 06-03-2018

L'avocat des victimes du Bardo autorisé à porter un pistolet

Depuis que l'avocat Philippe de Veulle a reçu des menaces dans le cadre du dossier sur l'attentat du musée du Bardo à Tunis, il est autorisé à porter un pistolet. Une situation exceptionnelle.



L'avocat des victimes du Bardo autorisé à porter un pistolet

Depuis décembre 2016,Me Philippe de Veulle, 51 ans, ne sort plus sans son Glock 26. Un attribut incongru pour un avocat du barreau de Paris. D'habitude, ce pistolet semi-automatique ultra-compact accompagne les policiers chargés des protections rapprochées. «C'est mon assurance vie et mon seul espoir de m'en sortir si je suis attaqué. Je ne m'en sépare que lorsque j'entre au palais de justice. Je suis alors escorté», confie l'avocat, affligé.

La raison de cette situation ? Depuis que l'avocat est partie prenante dans le dossier de l'attentat sanglant du musée tunisien du Bardo, qui a fait plusieurs victimes françaises en 2015, il est l'objet de menaces particulièrement graves. Le ministère de l'Intérieur lui a délivré exceptionnellement une autorisation de port d'arme. « Elle est accordée lorsque des personnes sont exposées à des risques exceptionnels d'atteinte à leur vie », précise-t-on au ministère.

Philippe de Veulle défend cinq des vingt-deux victimes de l'attentat. Le 18 mars 2015, deux terroristes avaient fait irruption dans ce grand musée de Tunis, tuant 21 touristes et un policier. Mais depuis qu'il s'est plongé dans ce dossier sensible, Me de Veulle s'est engagé dans une défense de rupture, mettant en cause «les manquements sécuritaires de l'Etat tunisien».

Il avait relayé tous ces griefs avec fracas dans la presse tunisienne et dans quelques médias français. Dès lors, des menaces ont commencé à lui parvenir. Les appels anonymes en provenance de Tunisie se sont multipliés sur son portable. «Je décroche, il n'y a personne au bout du fil. J'en ai encore reçu trois ce week-end», raconte-t-il d'une voix blanche.

Nouveau coup de semonce. Le 15 avril 2016, il découvre dans sa boîte mail un texte en arabe. Le message est explicite : «Terrorisme : la justice divine vaincra.» «C'est une fatwa», s'exclame Me de Veulle. Un informaticien réussit à localiser l'expéditeur. Le mail a été envoyé depuis Derna, en Libye. Jusqu'en avril 2016, la ville était contrôlée par Daech, avant que les troupes islamistes ne soient délogées par les forces régulières. Mais la ville reste cernée par les camps d'entraînement de djihadistes. Plus inquiétant, en novembre 2016, une vidéo du couple de policiers des Yvelines, tué à coups de couteau, lui a été envoyée sur son compte Twitter.


Le Parisien

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