Publié le 06-03-2018

L'Italie demande aux Européens d'ouvrir leurs ports aux bateaux de migrants

Les ministres de l'Intérieur italien, français et allemand ont discuté dimanche soir à Paris d'une "approche coordonnée" face à la crise migratoire alors que l'Italie a appelé les Européens à ouvrir leurs ports aux bateaux secourant les migrants pour alléger la pression sur Rome.



L'Italie demande aux Européens d'ouvrir leurs ports aux bateaux de migrants

Marco Minniti, Thomas de Maizière, ainsi que le commissaire européen aux migrations Dimitris Avramapoulos ont quitté vers 22H30 (20H30 GMT) le ministère français de l'Intérieur où il étaient arrivés peu après 20H00 pour un dîner de travail avec le ministre Gérard Collomb, a constaté un journaliste de l'AFP.

L'objectif de ce dîner était de tenter de dégager "une approche coordonnée et concertée des flux migratoires en Méditerranée centrale et de voir comment on peut mieux aider les Italiens", selon une source française proche du dossier.

Dans un entretien au quotidien Il Messaggero, le ministre Marco Minniti a affirmé que l'Italie faisait face à "une énorme pression". Mercredi, Rome avait menacé de bloquer l'entrée de ses ports aux bateaux étrangers transportant des migrants secourus en Méditerranée.

"Si les seuls ports vers lesquels les réfugiés sont acheminés sont les ports italiens, cela ne marche pas. C'est le coeur de la question", a-t-il dit.

"Je suis un europhile et je serais fier si même un seul bateau, au lieu d'arriver en Italie, allait dans un autre port. Cela ne résoudrait pas le problème de l'Italie mais ce serait un signal extraordinaire" montrant que l'Europe veut aider l'Italie, a dit le ministre.

SOS Méditerranée, l'une des ONG qui portent secours aux migrants en mer, a estimé que forcer les bateaux transportant des migrants à aller dans d'autres ports européens serait très difficile.

Si un tel ordre était donné, "on n'aurait pas le choix, on obéirait. Mais ce serait complètement impossible avec plus de 1.000 personnes à bord", a déclaré à l'AFP Mathilde Auvillain, une responsable de l'ONG. "Dans tous les cas, il faudrait bien qu'on fasse une escale dans un port italien pour se ravitailler. Ou bien, nous nous arrêterions en mer pour demander nous-mêmes à être secourus...".

Jeudi à Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français se sont tous deux dit prêts à mieux soutenir l'Italie. Emmanuel Macron a toutefois observé que "plus de 80% du phénomène migratoire" auquel fait face l'Italie "sont des migrations économiques" ne relevant pas de l'asile politique.

Le ministre italien a indiqué que Rome pousserait pour déplacer en Libye le processus de demande d'asile, et pouvoir acheminer en toute sécurité en Europe les migrants qui seraient retenus. "Nous devons distinguer entre ceux qui (...) ont le droit à une protection humanitaire et ceux qui ne l'ont pas", a-t-il dit.

Selon les médias italiens, qui ne citent pas de source, Rome pourrait appeler à élaborer un code de conduite européen pour les bateaux de secours privés.

Rome souhaiterait qu'un centre maritime régional supervise toutes les opérations de secours en Méditerranée, de la Grèce à la Libye en passant par l'Espagne, et répartisse les migrants parmi les pays européens, selon le Corriere della Sera.

Le ministre italien a indiqué que Rome pousserait pour déplacer en Libye le processus de demande d'asile, et pouvoir acheminer en toute sécurité en Europe les migrants qui seraient retenus. "Nous devons distinguer entre ceux qui (...) ont le droit à une protection humanitaire et ceux qui ne l'ont pas", a-t-il dit.


AFP

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