Publié le 06-03-2018

Habib Boularès : Ultime hommage à un Homme à la plume libre et au mot franc

Est-ce évident de prévoir sa mort dans un poème qui porte le poids et la trace de 80 printemps? Boularès a tout préparé à l’avance. « Quarante vers pour mon quarantième jour », un poème, dont la lecture donnée mercredi par son ami et ancien du collège Sadiki Frej Chouchène et que Boularès l’avait écrit quelques temps avant sa disparition, le 18 avril dernier, à Paris où il vivait depuis son départ à la retraite en 2006.



Habib Boularès : Ultime hommage à un Homme à la plume libre et au mot franc

Des politiciens, amis tunisiens et français, de la famille ainsi que toute la presse locale, étaient présents, hier après-midi, à la commémoration du 40ème jour de la disparition de cet Homme, francophone et anglophone par excellence, à la plume libre et au mot franc.

Alya sa fille, Jacques Lanxade, Bertrand Delanoïe, François Gouyette et Mourad Sakli parmi l’assistance à la BNT

Alya sa fille, Jacques Lanxade Amiral de la Marine Française, Bertrand Delanoïe ex-Maire de Paris, François Gouyette ambassadeur de France en Tunisie, Mourad Sakli ministre de la Culture et tant d’autres occupaient les premiers rangs d’une cérémonie culturelle qui les a réuni au siège de la Bibliothèque Nationale à Tunis.

Dans un ultime hommage, ils étaient réunis pour exprimer leurs doléances à la perte d’une « figure emblématique nationale qui a largement participé à l’édification de la Tunisie moderne », s’exprime avec grande émotion Mourad Sakli. « Aujourd’hui, on a tellement besoin de glorifier son parcours afin d’apprendre et s’inspirer de ses idées dans le domaine culturel », ajoute son plus jeune successeur.
« Non à la culture de la marginalisation et non à la marginalité de la culture » clamait-il lors de son bref passage au ministère de la Culture, en 1988, comme en témoigne Mongi Bousnina, ancien ministre de l’Education avec qui, il a collaboré, citant les multiples acquis de la Culture sous sa conduite.
« Qu’est-ce que je vais dire avec l’émotion qui me saisit », s’est demandé Slaheddine Essebsi, avocat, politicien, ancien Sadiki et l’un de ses quelques proches amis. « Il était honnête, courageux, loyal…avec des convictions… », en énumérant ses multiples qualités.

Témoignages émouvants sur l’un des représentants de l’ame tunisienne

Bertrand Delanoïe, l’ex-Maire de Paris voyait en lui « l’homme bienveillant, le grand patriote tunisien, l’un des meilleurs représentants de l’ame tunisienne… ». Boularès, « c’est à la fois un homme engagé et un homme de paix » s’exprime avec émotion, l’hôte et enfant de la Tunisie.
Boulares l’intellectuel, était également « un homme politique, qui avait le sens du compromis mais qui n’acceptait guère la compromission », a tenu à insister Delanoïe dans sa courte intervention.

Le souvenir de cet homme, aux multiples casquettes oscillant aisément entre journalisme, littérature et politique et dont l’empreinte restera à jamais gravée dans l’histoire de la Tunisie, a été profondément exposé par son ami l’Amiral Lanxade. Habité par la tristesse , dit-il, « je viens évoquer le souvenir d’un ami, d’un homme sage au sens propre du terme ».
Quand l’un de ses éditeurs lui a demandé de se présenter, témoigne Raja Farhat, il s’est présenté comme suit « Le collège Sadiki m’a fait entrer dans l’arène de la lutte nationale, le patriotisme m’a guidé dans le journalisme, celui-ci m’a ouvert le domaine de l’écriture et l’écriture m’a fait développé de la Littérature, la politique, le cercle d’études et d’enseignement. J’ai pratiqué l’exil mais rien n’a été plus proche de mon âme que la Patrie ».

De « Hannibal » à « Mourad III », une pièce théâtrale écrite et éditée pour la première fois en 1966 et que beaucoup de générations ont étudié en classe terminale, le Baccalauréat, on cite parmi ses plus importantes productions littéraires, « L’Histoire de la Tunisie, les grandes dates de la Préhistoire à la Révolution », son dernier né, paru dans les éditions Cérès en 2011.

Boularès a présenté cet ouvrage de référence, dans quelques lignes, cités par l’écrivain, acteur et homme de cinéma, Raja Farhat: « c’est un livre aux multiples accès qui se lit comme un Roman, comme un Manuel, qui se feuillette comme un Album, on y revient comme un Atlas ou un Dictionnaire… ».
« Ce sont les feuilles d’ombre oubliées que Boularès a fréquenté tout au long des 757 pages qui sont un grand succès en librairies, c’est peut être le meilleur hommage que le lectorat de Tunisie lui a rendu et à son dernier bébé », estime encore cet ancien Sadiki.

Les anciens du Collège Sadiki et personnalités politiques tunisiennes sous les régimes du Leader Bourguiba et de l’ancien président Ben Ali ont répondu présents à cet hommage posthume: Foued Mbazza, Slaheddine Caid Essebsi, Mongi Bousnina, Abderrahim Zouari, Ezzedine Kerkeni, Abbes Mohsen, Faiza Kéfi et bien d’autres.
 


TAP
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