Publié le 06-03-2018

Le Point revient sur la polémique créée par ‘Enquête exclusive’ en Tunisie

L’émission de Bernard de La Villardière a créé des remous qui ont dépassé nos frontières et ont suscité l’intérêt des médias étrangers. Voici un texte paru aujourd’hui dans ‘Le Point’ et qui revient sur les réactions suscitées par l’émission en Tunisie :



Le Point revient sur la polémique créée par ‘Enquête exclusive’ en Tunisie

Faut-il accuser un mauvais timing ? La diffusion du numéro d'Enquête exclusive consacré à la Tunisie, en pleine période électorale, n'a pas forcément été bien perçue par les téléspectateurs du pays. Après la diffusion de Tunisie : le trésor caché du dictateur, dimanche 12 octobre sur M6, de nombreux internautes tunisiens ont en effet réagi sur les réseaux sociaux.
Ces derniers dénoncent notamment la complaisance dont Bernard de la Villardière, qui présente Enquête exclusive, aurait fait part à l'égard du président tunisien Moncef Marzouki, à qui est consacrée la deuxième partie de l'émission. D'autant que l'interview de Moncef Marzouki arrive à point nommé dans le déroulé du programme, après une première partie consacrée au clan ben Ali.

Selon Le Huffington Post, qui cite un article du HuffPost Maghreb, les internautes reprochent au reportage de M6 d'avoir servi de vitrine au président tunisien à quelques jours des législatives, qui auront lieu le 26 octobre, et à l'approche des présidentielles, prévues le 23 novembre.

"Livre noir"

Or, c'est surtout Bernard de la Villardière qui fait les frais des critiques exprimées sur les réseaux sociaux. Le journaliste est en effet accusé de s'être montré un peu trop sympathique avec le président tunisien au cours de l'interview. "La séquence a été mal perçue par un certain nombre d'internautes, qui dénoncent un acte de 'promotion'", explique Le HuffPost Maghreb.
Sur les images de l'entretien, "l'ambiance est chaleureuse et Marzouki confie des anecdotes personnelles", détaille le site. "Le président et le journaliste semblent bien s'entendre. Il y a un an, la présidence tunisienne mentionnait pourtant, dans le controversé Livre noir, le journaliste Bernard de La Villardière, accusé d'avoir participé au système de propagande de Ben Ali."
Ce "Livre noir, système de propagande sous Ben Ali" désigne un fichier numérique publié en décembre 2013 et listant les journalistes ayant collaboré avec le régime de Ben Ali, renversé en

2011. Dans le document rédigé par la nouvelle présidence tunisienne figurait le nom de Bernard de La Villardière, à côté de ceux de nombreux autres journalistes et rédactions.

"Lustreur de portrait"

Résultat : sur les réseaux sociaux, un improbable photo-montage circule depuis dimanche soir. Elle représente une fausse carte d'adhérent au CPR, le parti du président tunisien, au nom de Bernard de La Villardière où, en face du terme "profession" est inscrite la mention "lustreur de portrait".

La page Facebook du journaliste, mais aussi celle de M6 ou encore du Carpe diem, établissement du monde de la nuit pris pour exemple dans le reportage, ont été pris d'assaut par les commentaires, y compris injurieux. "Vous avez fait l'apologie d'un président transitoire, élu grâce à quelque 7 000 voix uniquement, celui-là même qui a publié le livre noir où votre nom figure, indiquait un commentaire sur la page Facebook de Bernard de La Villardière mardi. Vous avez caressé dans le sens du poil un personnage qui reçoit les pires extrémistes, libère les bagnards, catégorise les femmes... Votre enquête est un spectacle, de la pornographie journalistique populiste", poursuit l'internaute tunisien.
Pour l'heure, ni la chaîne ni le présentateur n'ont souhaité répondre aux critiques.
 


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