En Vidéo-International Alert : Comment les jeunes de Douar Hicher et d’Ettadhamen perçoivent-ils leurs quartiers ?

L’organisation ‘International Alert’ a présenté, aujourd’hui, lors d’une conférence de presse, les résultats préliminaires de son enquête sur les jeunes des quartiers de Douar Hicher et Ettadhamen.



En Vidéo-International Alert : Comment les jeunes de Douar Hicher et d’Ettadhamen perçoivent-ils leurs quartiers ?

Qui est International Alert :

International Alert est une organisation internationale, indépendante qui travaille dans le domaine de la consolidation de la paix.
Son objectif est d’influencer les politiques et les méthodes de travail des gouvernements, des organisations internationales comme l’ONU et des entreprises multinationales afin de réduire le risque de conflit (conflits armés, ethniques, sociaux, économiques…) et de renforcer les perspectives de paix.
L’organisation existe depuis 28 ans maintenant, son bureau de Tunis a, quant à lui, été créé en 2011. Sa démarche consiste à analyser les causes des conflits afin d’aider à mettre en place des solutions tout en créant des espaces de dialogue.

Enquête sur les jeunes des quartiers de Douar Hicher et d’Ettadhamen :

International Alert a déjà travaillé dans certains endroits de la Tunisie comme le centre-ouest ou le sud mais, depuis un an, l’organisation s’intéresse au Grand Tunis à travers les quartiers de Douar Hicher et celui d’Ettadhamen.
« Le processus révolutionnaire de 2010/2011 a imposé les jeunes tunisiens (notamment ceux des quartiers populaires) comme force sociale et politique, porteuse d’un projet de changement et capable de s’imposer » déclare Olfa Lamloum –chercheuse et directrice du bureau International Alert à Tunis.

Mais, depuis 2011, les choses ont changé, les sociologues travaillant sur cette enquête, parlent d’ailleurs de désillusion ou de désenchantement. Pire, la stigmatisation dont les jeunes d’Ettadhamon ou de Douar Hicher ont toujours souffert a été aggravée par une médiatisation et une exploitation politique, qui amplifient et déforment à maintes reprises les faits, influençant l’image de ces quartiers chez les Tunisiens et les associant souvent à la violence et à l’extrémisme.

Ces deux quartiers, situés à la périphérie de la capitale ont la plus forte densité de population de tout le pays, voire du Nord de l’Afrique (24560/ km² en 2010 pour Ettadhamen).

Alert International, confortée d’une équipe de 6 chercheurs et de 20 enquêteurs, a donc mené une enquête quantitative et qualitative auprès de 740 jeunes (filles et garçons) âgés entre 18 et 34 ans.
Ces jeunes ont dû répondre à un questionnaire d’une vingtaine de pages (les entretiens duraient 1 heure environ) et les questions tournent autour des caractéristiques générales de la famille, des relations avec le quartier etc.
La plupart des questionnés font partie d’une catégorie au revenu limité, caractérisée par une fragilité sociale et économique. 81.1% des mères de ces familles ne travaillent pas, les pères sont donc les seuls sources de revenu.

Conscients de l'image négative et des stéréotypes relatifs à leur quartier : 

Un faible pourcentage des questionnés est complètement illettré (2%), la plus grande partie a arrêté les études au lycée (51.7%) et seulement 27.9% de la totalité a suivi des études supérieures. Les jeunes abandonnent l’école, ne croyant plus que cette institution leur permette de gravir les échelons, craignant le chômage qui est assimilé à un monstre qui les guette quasiment tous.L’image de ces quartiers, ancrée dans l’imaginaire des Tunisiens et dont les jeunes de Douar Hicher et d’Ettadhamen sont parfaitement conscients, constitue pour eux un obstacle dans leur recherche d’un travail décent, à la hauteur de leurs aspirations.

Rien n’a changé pour eux après la révolution et pour 46% d’entre eux la situation s’est même détériorée : la corruption, l’absence de responsables, le fait d’être écartés de la prise de décision, sont des facteurs qui n’ont pas évolué après la révolution nous dit l’enquête.
Autres point importants relevé lors de cette étude : 98.8% des jeunes de ces quartiers pensent que les politiciens travaillent pour leur propre intérêt et ne sont donc pas actifs au sein des partis.

Le résultat préliminaire de l'enquête menée par IA auprès, auprès des jeunes d'Ettadhamen et de Douar Hicher,  n’a pas révélé tous les chiffres ni tous les aspects abordés par l’étude mais, il dépeint un tableau fidèle de la représentation qu’ont ces jeunes de leur quartier. Par ailleurs, l'analyse de toutes ces données pourra  être une base de travail pour les différents acteurs qui visent à proposer une stratégie ou une politique afin d’améliorer les conditions socio-économiques et de mettre une place une justice sociale dans ces quartiers. Dans le meilleur des cas, cette enquête pourrait déboucher sur un dialogue national, dans une démarche participative où ces mêmes-jeunes seront associés et aideront à trouver les bonnes solutions.

Voici plus de détails en vidéo :


H.B.
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