Publié le 06-03-2018
Rencontres cinématographiques de Hergla : un festival charmant malgré les lacunes
Oh quelle belle Hergla ! Quelle belle mer et quel beau paysage dans ce petit village méditerranéen peint en bleu et blanc. Depuis six années, le village de Hergla accueille des rencontres cinématographiques organiséés par l’Association Culturelle Afrique-Méditerranée. Cette année l’évènement se déroule du 31 juillet au 6 août 2010.
L’ouverture a eu lieu dans un ancien pressoir à huile d’olive vers 22h où Mohamed Chalouf, directeur éternel de l’évènement a présenté la session et a souhaité la bienvenue à ses nombreux invités venus de plusieurs pays.
La qualité de la programmation, des films projetés et surtout des invités présents était d’une grande importance. Plusieurs réalisateurs, cinéastes et journalistes de France, d’Italie et d’Afrique se sont déplacés pour y assister. Parmi les invités d’honneur, figure le grand Taher Chriaa, ancien cinéaste et fondateur du cinéma en Tunisie.
Avant de commencer la projection, le chanteur sénégalais, Ismael Lô a présenté, sous les applaudissements du public, deux chansons dont la célèbre « Tajabone ». Les visages étaient émus et comblés par la grâce de sa guitare et de son harmonica.
Le coup d’envoi a été donné, juste après, avec le film "Il Volo" (le vol) réalisé par l’Allemand Wim Wenders en 2010. Le film est expérimental de part sa méthode de mélange entre la fiction et le documentaire. Le cinéaste a décidé de tourner un court-métrage de fiction sur la migration dans la ville de Badolato, dans un petit village de Calabre-Riace- dans le Sud de l’Italie. Quelques jours de tournage, et le réalisateur change d’avis. Wenders se voit attaché par l’histoire de Riace, désertée par ses habitants, et repeuplée dans une large mesure par des immigrants issus de diverses latitudes, grâce à l’initiative particulièrement intelligente et courageuse du maire de la ville –Domenico Lucano-, qui a travaillé avec le HCR (Haut Commissariat pour les Réfugiés) pour faire aboutir son idée.« Le vol » traite différemment la question de l’immigration mais surtout tire la sonnette d’alarme sur le destin fatal des clandestins et le nombre croissant des morts et perdus dans la mer. Le film a aussi montré les facettes positives de l’immigration qui peut constituer une solution économique, sociale et culturelle pour plusieurs problèmes existants au Nord.
Le deuxième film projeté fut « Bonne année » de Khedija Lemkhecher suivi du film d’animation français "Chienne d’histoire", palme d’or au festival de Cannes 2010 des courts métrages.
Bien que la programmation ait été de très bonne qualité, l’organisation, quant à elle, était au dessous des attentes. D’après quelques témoignages, les points faibles du festival ne cessent de s’accentuer. Le comité d’organisation se constitue de peu de jeunes gens. « Le directeur du festival, Mohamed Chalouf, décide et fait tout, tout seul » témoigne une ex- responsable (qui insiste à ne pas révèler son nom) qui ajoute « le directeur insiste à faire tous les petits détails tout seul comme faire entrer le public, la projection, la présentation ». Mais son plus grand problème est la communication, nous explique l’un des rares fidèles festivaliers, « Le festival ne communique ni avec les associations du domaine comme la FTCA (Fédération Tunisienne des Cinéastes Amateurs), la FTCC (Fédération Tunisienne des Ciné-Clubs) l’ATPCC (Association Tunisienne de la Promotion de la Critique Cinématographie), ni avec le ministère de la Culture, ni même avec la mairie et les autorités locales de Hergla… en deux mots, le festival n’a pas de partenaires » ajoute-t-il.
Cette direction ne peut pas avancer tant qu’elle est monopolisée par une seule personne. Tout le monde constate la même chose: les rencontres cinématographiques de Hergla nécessitent plus d’efforts et plus d’organisation. Cela n’est possible qu’avec l’ouverture de son directeur sur son environnement et sur d’autres personnes, idées et générations. Prendre tout en main, n’est pas une méthode saine de direction surtout quand l’évènement est devenu un rendez-vous important aux cinéastes tunisiens, africains et européens. Le plus dangereux dans tout ça est que les rencontres deviennent liées plus qu’il n'en faut à la personne du directeur.
Photos de Hamideddine Bouali
Henda