2025-04-19 نشرت في

BH Bank dans la tourmente à cause d'un prêt de 450 MD

Inquiétude dans les milieux financiers tunisiens : la BH Bank, anciennement Banque de l’Habitat, fait face à un vent de critiques après avoir octroyé un prêt de 450,8 millions de dinars à un conglomérat opérant dans le secteur de l’huile le groupe Adel Ben Romdhane.



BH Bank dans la tourmente à cause d'un prêt de 450 MD

Adel Ben Romdhane, homme d’affaires tunisien et l’un des plus importants exportateurs d’huile d’olive du pays, est au cœur d’un scandale financier qui secoue la BH Bank en ce début d’année 2025. Selon le dernier rapport des commissaires aux comptes, un prêt massif de 450,757 millions de dinars lui aurait été accordé, une somme qui représente près du double du capital social de la banque publique.

Ce prêt, consenti au 31 décembre 2024, était à l’époque considéré comme un actif sain, sans impayés. Cependant, des événements récents, survenus après la clôture de l’exercice, ont profondément modifié la perception de ce dossier.

Dans leur rapport, les commissaires aux comptes Emna Rachikou (FMBZ KPMG Tunisie) et Walid Ben Ayed (Consulting and Financial Firm) déclarent que le groupe d’Adel Ben Romdhane fait désormais face à des difficultés majeures dans le recouvrement de ses propres créances, ce qui augmente fortement le risque de crédit pour la BH Bank. Ils recommandent donc un reclassement de cette créance en incertaine, conformément aux normes prudentielles.

Le fait le plus alarmant : l’homme d’affaires en question se serait enfui en Espagne, ce qui rend encore plus incertain le remboursement de ce prêt géant. Cette exposition unique dépasse largement le plafond réglementaire autorisé par la Banque Centrale de Tunisie, fixé à 25 millions de dinars par client.

Le 19 avril, l’analyste financier Moez Hadidane s’est exprimé, évoquant des « craintes sérieuses quant au remboursement » de cette dette dès le premier trimestre 2025. Il a également souligné l’impact immédiat sur les marchés : le Tunindex, en hausse de 1 % le 17 avril, a chuté de 0,8 % le lendemain. La BH Bank a vu son titre chuter de 5,6 % en une seule séance.

Hadidane précise toutefois que « le système bancaire tunisien est encore solide » et que l’affaire, bien que préoccupante, ne constitue pas une crise systémique à ce stade. Il avertit néanmoins que des retraits massifs de dépôts pourraient faire basculer la situation.

Il s’interroge également sur la logique de gouvernance au sein des banques publiques : « Comment accorde-t-on un prêt aussi colossal à un seul homme pour investir dans l’huile ? »

Un autre expert bancaire, Sofiane Ouerimi, confirme qu’il n’y a pas de danger immédiat pour les clients, soulignant que la banque dispose de fonds propres suffisants pour absorber cette perte. Il rappelle également l’existence d’un Fonds de garantie, mis en place par la loi bancaire de 2016, censé protéger les dépôts.

Ouerimi pointe néanmoins de graves infractions aux normes prudentielles : dépassement du plafond de crédit par client, absence d’analyse indépendante du risque, et manque de garanties tangibles.

En chiffres : ce prêt représente 60 % du Produit Net Bancaire (744,2 millions de dinars), alors que le capital social de la banque était de seulement 238 millions de dinars fin 2024. La BH Bank a terminé l’exercice avec un résultat net de 108,5 millions de dinars et des provisions pour risques de crédit de 275,2 millions.

Cette affaire pose une question cruciale : la BH Bank peut-elle continuer à opérer dans un tel flou de gouvernance sans en subir les conséquences ? Et surtout, les épargnants doivent-ils craindre pour leur argent ?


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