Publié le 06-03-2018
Vidéo : Puritanisme et discours moralisateur, quand la télé se transforme en tribunal moyenâgeux !
Un nouveau programme télé est venu s’ajouter à la liste des talk-shows de la chaine Elhiwar Ettounsi. Il s’agit de ‘Oumour Jeddeya’ (Choses sérieuses) animé par Nawfel Ouertani avec un groupe de chroniqueurs dont Faouzi Ben Gamra, Karim Gharbi, Meriem Ben Mami et Baya Zardi.
Parmi les invités du premier épisode de cette nouvelle émission qui a démarré hier, figurait l’actrice Salma Mahjoubi que le public a découvert à travers la série « Ouled Moufida ». Salma Mahjoubi a été lors de la cérémonie d’ouverture des JCC 2016 au cœur d’une polémique à cause de la robe qu’elle a choisie pour défiler sur le tapis rouge. Une robe haute-couture by Velvet couture qui n’allait pas à l’actrice pour certains et pour d’autres, la robe était trop découverte…
Dire aux gens ce qu’ils veulent entendre aux dépens de valeurs universelles
L’émission s’est transformée en séance de lynchage collectif où quasiment personne n’a pris la défense de la jeune actrice et où un discours moralisateur, culpabilisant et parfois humiliant de par sa forme et les termes qui le meublent, a été tenu. Baya Zardi s’est dite choquée, Abdelkader Jedidi, professeur à l’Institut de Presse et des Sciences de l’information à comparé l’actrice à un insecte (khanfous Boudrenn/scarabée) à cause de la couleur noire de la robe, Faouzi Ben Gamra, chanteur de Mezoued reconverti à la prêche islamique lui a demandé si « ses parents l’ont vu habillée de la sorte avant d’aller à la cérémonie »...
Visant un large public conservateur à l’image de la société tunisienne, l’émission a tenu le discours qui plait sans considération pour la dignité de l’invité ni pour sa liberté vestimentaire. Son corps assimilé à un objet ‘provocateur’ a été jugé et condamné.
Deux poids, deux mesures
Durant ces JCC les sujets des libertés personnelles et celui du harcèlement ainsi que la chosification du corps des femmes sont revenus à maintes reprises sur le tapis. La toile a même été indignée par les propos de Boughedir qui a jugé la robe d’une miss « trop couverte », qualifiant, à juste titre de harcèlement sexuel de tels agissements.
Mais, quand il s’agit du contraire, l’on n’hésite pas à malmener une femme pour avoir transgressé un code vestimentaire « politiquement correct » qui respecte le moule imposé par la société patriarcale aux mœurs conservatrices.
En somme, hier nous étions très loin de la critique journalistique qui tient compte des valeurs et ne porte pas atteinte à l’intégrité des personnes. Nous étions plutôt dans une cour moyenâgeuse où la « coupable » n’avait pas le droit de se défendre…
Hajer Boujemâa