Publié le 06-03-2018
Le Festival de Carthage rompt son engagement avec Emel Mathlouthi par un mail
L'artiste Emel Mathlouthi un email reçu de la part de la direction du festival de Carthage.
À propos de cette affaire et de l'email en question Jmel Mathlouthi écrit et explique:
Mes musiciens et moi même sommes extrêmement surpris et déçus de recevoir un tel message de la part du comité du Festival International de Carthage plus d'un mois après qu'ils aient déjà confirmé notre participation, validé le budget et fixé la date du 9 août 2017 sur la scène de l'amphithéâtre de Carthage.
Après maintes vaines tentatives auprès du comité et du ministre de la culture pour avoir au moins des explications ou trouver une solution, j'ai décidé de porter cette injustice à l'attention publique dans l'espoir que ce soit une erreur qui peut être rectifiée.
Une équipe de 50 musiciens locaux et internationaux a réservé sa disponibilité depuis le 17 avril dernier et commencé le travail des arrangements et de répétitions. Inutile de dire à quel point cette décision non professionnelle, est embarrassante et consternante pour moi même et tous ceux envers lesquels je me suis engagée.
Pour l'histoire, je n'ai pas été invitée à chanter en Tunisie depuis bientôt 5 ans. Après deux albums des tournées dans le monde entier et une participation au prix Nobel de la paix en 2015, j'ai pensé que je forcerais peut être le respect et la reconnaissance des autorités dans mon pays 6 ans après la révolution, mais non.
Les choses n'ont pas changé pour moi bien au contraire.
J'ai porté haut et loin le drapeau de mon pays que je le veuille ou pas, j'ai subi les attaques les plus viles les plus haineuses chez moi sans jamais répondre. J'ai continué à travailler pour mon rêve, ma passion.
Aujourd'hui je commence à en avoir assez de ces barrières invisibles qui m'empêchent de retrouver mon public, qui lui font croire que je boycotte la Tunisie que je me produis partout sauf en Tunisie par choix. J'en ai assez d'entendre les gens dire que j'ai disparu et que je n'ai rien fais après Kelmti Horra, je suis plus que frustrée et terriblement triste de ne pouvoir partager mon travail ma créativité mes idées mes réalisations mon répertoire riche avec mes compatriotes.
Je ne trouve aucune explication à cette situation qui devient absurde. Pourquoi est ce qu'il faut absolument nous rendre aigris et amers ?
Pourquoi faut il toujours nous persuader que nous ne sommes pas les bienvenus chez nous ?
Cette situation doit changer, ce boycott doit cesser, je ne peux pas chanter en tunisien et faire une carrière internationale et ne pas pouvoir chanter au moins une fois depuis 5 ans la ou on comprend ma langue !
Ceci est un appel à tous les journalistes à tous les tunisiens qui croient en une Tunisie ouverte à la diversité et au talent de ses enfants, que 6 ans après la révolution les idées peuvent avoir le droit de naître de se développer et d'inspirer en retour.
Je demande justice.