Publié le 06-03-2018
Blood Moon ou le goût de la révolution inachevée
Faisant le voyage à Bab El Jazira en plein centre-ville de Tunis et jusque dans le beau théâtre d’El Hamra, j’ai eu la chance de découvrir la pièce de théâtre « Blood Moon », une autre lecture de la révolution avec Moez Mrabet.
On raconte que par les nuits de Blood Moon, les sorcières se donnaient rendez-vous dans la forêt de Salem en Amérique pour invoquer les forces du mal et multiplier leurs forces. Pendant l’une de ces nuits et dans un local désaffecté de l’association les coccinelles multicolores dans une Tunisie post révolutionnaire se sont cachées "deux sorcières" qu’on est venu chasser.
Alya et son amie se réfugient là. Elles ont peur de sortir et qu’on les trouve. Entre temps elles refont le monde… mais seulement le leur et rêvent d’une nouvelle révolution, une vraie qui ne va pas les oublier. Elles parlent de Hediya qui serait tuée ou suicidée ou morte d’une crise cardiaque, mais ce n’est pas important comment elle est morte car de Hadiya reste la poésie et le symbole. Les deux femmes évoquent leurs vies, leurs espoirs et même leurs rencontres amoureuses virtuelles ou réelles mais toujours décevantes.
Des effets visuels, un écran en voile entre nous et les actrices ainsi qu’une bande son qui bouscule comme des idées fraiches et audacieuses complètent le jeu de Basma El Euchi et Meriem Sayeh sur scène présenté comme une chorégraphie. Dans la pure tradition du théâtre abstrait, voudrais-je ajouter, mais c’est là justement où toute tradition est abolie. Toute une mise en scène de Moez Mrabet qui semble vouloir nous pousser à la réflexion et à la révolte…des esprits.
Blood Moon peut sembler élitiste de prime abord, mais elle revoit une image tellement vraie, quoique sublimée, d'une Tunisie qui se veut révolutionnaire et qui se cherche encore. Alors vivement de nouvelles dates pour la représentation !