Publié le 06-03-2018
'Yasmina Khadra' annule son voyage en Tunisie suite à la déprogrammation de son film
Dans un communiqué dont Les librairies "Culturel" ont publié une copie, Yasmina Khadra explique cette annulation. Rappelons qu'une séance de dédicaces avec Yasmina Khadra était prévue pour le mardi 06 novembre à la librairie "Culturel" Zéphir, et ce à l'occasion de la sortie du film du réalisateur Alexandre Arcady adapté de son roman " Ce que le jour doit à la nuit".
Chers frères et chers sœurs Tunisiens,
Je viens d'apprendre, la mort dans l'âme, que le film "Ce que le jour doit à la nuit", réalisé par Alexandre Arcady d'après mon roman, aurait été déprogrammé par les autorités tunisiennes. Si cette regrettable initiative venait à être confirmée, je serais dans l'obligation d'annuler ma participation au Salon du livre de Tunis.
De telles attitudes ne devraient plus avoir leur place dans un pays qui a enchanté le monde en renversant la tyrannie. Cela ne ferait qu'infantiliser un peuple adorable, moderne, savamment émancipé et qui, conscient des dérives qui gravitent autour de sa révolution, est condamné à demeurer sobre et vigilant.
Je me faisais un immense honneur de me joindre à vous. J'étais fier de pouvoir retrouver des visages familiers, serrer des mains bénies et embrasser les cœurs et les esprits d'une nation prometteuse. J'ai toujours combattu la censure, l'exclusion, les disqualifications expéditives et le tort fait à la générosité artistique et intellectuelle.
Je ne saurais me permettre de cautionner un privilège au détriment d'un interdit. Le cinéma, le théâtre, la musique et le débat éclairé sont aussi indispensables à l'essor de nos peuples que l'air et l'eau à la vie. Le talent est la priorité des priorités dans les pays qui avancent. S'opposer à une idée, à une image ou un poème est une mise en abyme inexorable et irréversible, et nous avons trop souffert des abus pour continuer notre descente aux enfers comme si de rien n'était.
Avec tout mon chagrin.
Yasmina Khadra
