Publié le 06-03-2018

interview de Ahmed Hafiane

Considéré comme la belle gueule du cinéma tunisien, Ahmed Hafiane est le comédien tunisien le plus actif dans le 7ème art. Après avoir expérimenté le théâtre, « son premier amour », il s'essaye au monde du cinéma qui l’a introduit aux écrans d’Europe.



interview de Ahmed Hafiane

Considéré comme la belle gueule du cinéma tunisien, Ahmed Hafiane est le comédien tunisien le plus actif dans le 7ème art. Après avoir expérimenté le théâtre, « son premier amour », il s'essaye au monde du cinéma qui l’a introduit aux écrans d'Europe. Plusieurs films nationaux et d’autres étrangers forment sa carrière mais le comédien est aussi actif à la télévision. Voilà qu’il nous revient avec le personnage d’Ibrahim dans le feuilleton « Cages sans oiseaux » qui a été diffusé au Ramadan dernier sur Canal 21.

Ahmed qui a le talent dans la peau, n’arrête pas de bouger, de créer et de rêver. il a des ambitions, des principes et des aveux qu’il ne cache  pas et nous délivre sans hésitation lors de cette rencontre précieuse. Interview.

 

 

Après plusieurs années d’absence de la Télévision tunisienne voilà que vous revenez avec le personnage principal, Ibrahim, dans le feuilleton « Cages sans oiseaux ». Pourquoi cette absence ?

 

Je préfère m’absenter et garder l’intervalle de trois à cinq ans entre mes apparitions dans les feuilletons tunisiens. De plus, je suis pris surtout par le cinéma, puis par le théâtre et en dernier lieu la télévision qui me sollicite, d’ailleurs, à la dernière minute où je me trouve déjà engagé dans d’autres projets.

 

Et pourquoi ce classement que vous faites entre cinéma, théâtre et télé ?

 

Premièrement, parce que le théâtre est mon premier amour. La cinéma tunisien est celui qui m’a permis de dépasser les frontières tunisiennes. Actuellement, je viens de terminer le tournage de mon 5ème film à l’étranger. 

Deuxièmement, à chaque fois qu’on me contacte pour un feuilleton tunisien, on me trouve déjà engagé dans un autre projet. C’est important, parce que je n’ai pas l’habitude, heureusement, de faire deux choses à la fois. En plus, les producteurs tunisiens commencent les castings et les préparations à la dernière minute et ce n’est pas pareil ailleurs. Par exemple, la production de mon dernier film italien m’a contacté un an et demi à l'avance. Le travail qui commence en retard ne permet pas de bonnes préparations au niveau des techniciens, des comédiens, de la mise en scène et surtout les rectifications des scénarios.

 

Vous étiez contacté en retard par la production de « Cages sans oiseaux » ?

 

Comme tous les acteurs, avant un mois et demi du tournage. J’estime que ce n’était pas suffisant pour faire des séances de travail avec le réalisateur et les autres acteurs. Ce qui a entrainé un comportement pressé et improvisé sur les plateaux du tournage. J’espère que nous éviterons ce genre de lacunes dans les prochaines années.

 

Que pensez-vous de la production audiovisuelle en Tunisie ?

 

Je pense qu’elle a réellement commencé, cette année, et non pas avant. C’est dire qu’elle vient de franchir une nouvelle étape qui varie les goûts et multiplie les œuvres. Le téléspectateur, même pour un seul mois, est libre de zapper mais reste toujours sur une chaîne tunisienne. La concurrence est bel et bien partie. Il faut se préparer à une meilleure qualité de production et à une industrie audiovisuelle qui dépasse la production ramadanesque.

 

Pourquoi avez-vous accepté le rôle d’Ibrahim, qu’est ce qui vous a plu dans le scénario ?

 

Non, ce n’est pas une question de scénario mais ma décision est en rapport avec un principe que j’adopte depuis toujours. C’est le devoir de soutenir toute production nationale et la chaine nationale qui m’a permis, à l’époque, et pour la première fois dans ma vie, d'être vu par un large public.

 

Comment voyez-vous le personnage Ibrahim ?

 

Le personnage d’Ibrahim a fait preuve de patience et de sagesse malgré ce qu’il a vécu de défaite et de circonstances difficiles. L’important est de montrer à partir du personnage comment se reconstruire et construire sa famille avec sagesse et amour et sans tomber dans l’impulsion et l’agressivité. Autrement, Ibrahim est le héro que la société tunisienne en a besoin au moment où nous voyons des héros dilers ou qui se droguent …où les valeurs manquent énormément même dans la fiction.

 

Mais Ibrahim était aussi égoïste et a voulu à tout pris réaliser ses propres rêves même au détriment de sa famille…

 

Oui c’est vrai. Cependant, dans le dernier épisode Ibrahim a demandé pardon à sa femme en plein public. Ce qui n’est pas du tout évident et même impossible pour un homme oriental. Cet égoïsme caractérise tous les hommes du monde et ils le payent cher parfois.

 

Ne pensez-vous pas que c’est surtout la femme qui l’a payé cher dans le feuilleton ?

 

Oui évidement. le scénario de « Cages sans oiseaux » montre la souffrance de la femme et les sacrifices qu’elle peut donner à sa famille. Il montre aussi comment une femme oublie ses ambitions et sacrifie sa vie à cause de l’égoïsme de son mari.

 

« Cages sans oiseaux » montre aussi que l’amour ne peut pas résister, souvent, devant l’ambition. Et c’était le cas de presque toutes les relations amoureuses du feuilleton. Qu’en pensez-vous ?

 

L’histoire d’amour est la plus difficile à écrire, à raconter et à filmer. Je pense que l’amour et l’ambition sont complémentaires dans le feuilleton. D’ailleurs, ces deux sentiments se battent éternellement à l’intérieur de nous. Mais je pense que nous avons du creuser davantage dans l’écriture du scénario pour mieux exprimer la dualité entre l’amour et l’ambition.

 

Selon vous, pourquoi malgré la présence de tous les éléments de la réussite, « Cages sans oiseaux » n’a eu beaucoup de succès ?

 

Je suis sûr que la rediffusion du feuilleton aura beaucoup plus de succès parce que le dernier épisode a révélé plusieurs ambigüités. Il faut mentionner aussi que les téléspectateurs se sont penchés sur d’autres œuvres qui traitent des sujets polémiques (drogue, sexe, mafia…). Et effectivement, ce genre de sujet choquant attire l’attention au détriment d’autres sujets sociaux qui paressent ordinaires. Ce qui est le cas de « Cages sans oiseaux ». Je pense que la concurrence à ce niveau a joué un grand rôle contre notre feuilleton.

 

Je pose la question autrement,  qu’est ce que vous reprochez au feuilleton ?

 

Je pense que la lacune était dans le retard de la préparation qui a duré juste 3 semaines. Je pense que nous aurons pu mieux faire si nous avons commencé le mois de février. Mais avec la pression du temps que nous avons eu, plusieurs détails étaient bâclés.

 

Comment voyez-vous la situation du comédien, actuellement, en Tunisie ?

 

En fait, je pense que la situation actuelle du comédien en Tunisie est plus ou moins stable. Mais, il y a encore du pain sur la planche. En effet, le comédien ne bénéficie pas convenablement de la production dont il participe. Par exemple, le comédien n’a aucun pourcentage sur le bénéfice d’un spot qu’il a tourné. Ce qui peut constituer des fortunes parfois et ce qui est le cas à l’étranger. Ce petit détail, par exemple, peut résoudre 90% des problèmes de l’acteur en Tunisie, au moins au niveau financier.

 

 Vos nouveautés ?

 

Je commence bientôt le tournage d’un nouveau film entre Napoli et Istanbul. En février, j’ai un tournage en Tunisie mais d’un film aussi étranger. Concernant le cinéma tunisien, je n’ai eu aucune proposition. Pour le théâtre, je prépare un nouveau projet mais qui ne sera pas un one-man-show.

 

Henda


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