Publié le 27-08-2021

Pour Biden, la crise afghane tourne au scénario catastrophe

Le président américain, confronté à sa plus grave crise, peine à s'affirmer et semble paralysé par une situation qu'il n'a pas réussi à anticiper.



Pour Biden, la crise afghane tourne au scénario catastrophe

La fin de la mission en Afghanistan, avec la mort de douze soldats américains, vire au scénario catastrophe pour Joe Biden, confronté à sa plus grave crise et comme paralysé par une situation qu'il n'avait pas vu venir.
Le 46e président des États-Unis s'est exprimé jeudi soir, plusieurs heures après la double attaque à proximité de l'aéroport de Kaboul - la plus meurtrière pour les militaires américains depuis août 2011. Lors de cette allocution, Joe Biden a rendu hommage aux soldats tués avant d'assurer que tout serait mis en oeuvre pour traquer les auteurs de l'attaque : «Nous avons des raisons de penser que nous savons qui ils sont et nous allons trouver un moyen de les traquer dans le cadre d'une grande opération militaire où qu'ils soient». Le président a affirmé que les opérations d'évacuation se poursuivaient et a de nouveau confirmé qu'il respecterait la date butoir du 31 août pour le retrait des troupes américaines, malgré les critiques qui l'appellent, y compris au sein de son parti, à rester plus longtemps si nécessaire pour achever l'évacuation.

Comme souvent depuis deux semaines, Joe Biden a dû chambouler son agenda, repoussant une rencontre importante prévue avec le nouveau Premier ministre israélien Naftali Bennett. «C'est une crise majeure qui se déroule sous sa présidence», dit à l'AFP Ian Bremmer, président de la société d'expertise Eurasia Group. «C'est un échec du renseignement, c'est un échec de la planification, c'est un échec de la communication, et c'est un échec de la coordination avec les alliés», estime-t-il.

De son propre aveu, le président Biden n'avait pas «prévu» la rapidité de l'effondrement de l'armée afghane formée, équipée et financée des années durant par Washington, et la chute de Kaboul aux mains des talibans. Et comme ce fut le cas avec le conflit entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas en mai, son gouvernement donne l'impression d'avoir du mal à s'adapter à l'imprévu sur la scène internationale.

Moments de flottement
Les moments de flottement se sont succédé depuis la victoire des talibans le 15 août, qui a surpris Joe Biden à Camp David, lieu de villégiature des présidents américains. D'abord mutique, et très critiqué pour cela, le démocrate âgé de 78 ans a depuis multiplié les prises de parole, mais s'est abstenu la plupart du temps de répondre à la presse. Mardi, son intervention a été retardée d'environ cinq heures alors que le monde attendait de savoir s'il allait céder aux appels internationaux en faveur d'un report de la date-butoir du 31 août pour le retrait américain - et donc pour les opérations d'évacuation des étrangers et des Afghans menacés de représailles de la part des talibans. Il a finalement annoncé qu'il maintenait l'échéance. «Le président doit aller au-devant du public et prendre des questions», «il ne se pose pas en leader en temps de crise», regrette Ian Bremmer.

AFP



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