Publié le 17-08-2022
Elyès Jouini : Ce qui a été proposé à Chahed est ''la forme la plus lâche d’association'' à Harvard
Youssef Chahed (2016-2020), a été nommé Senior Fellow (Maitre de recherche principal) pour l’année universitaire 2022-2023 à la Middle East Initiative (MEI) au Belfer Center for Science and International Affairs de la Harvard Kennedy School.
Elyès Jouini, figure incontournable de l'enseignement supérieur français, a publié un post sur sa page Facebook Officielle pour apporter quelques précisions concernant la nomination de Youssef Chahed comme senior fellow à Harvard.
« Mais quand donc arrêtera-t-on de dire n’importe quoi sans vérification ni analyse de l’information brute de départ? », dénonce Elyès Jouini dans son post.
Il a expliqué que « dans le système américain, il y a les Professors (Full, Associate, Assistant), ce sont des professeurs permanents (même s’il peut être mis fin au contrat des Assitants au bout de 3 à 8 ans selon les cas). Il n’y a pas d’agrégation au sens français du terme mais c’est probablement l’Associate Professor qui se rapproche le plus du Professeur agrégé. Il y a les Visiting Professor avec là aussi une déclinaison en Full, Associate, Assistant. Ce sont des professeurs du même niveau que les permanents mais invités pour une période limitée ».
Il a ajouté que « dans certaines universités, il y a également des Clinical Professors qui enseignent la pratique et ne font pas de recherche. Et il peut y avoir des Research Professors qui font de la recherche et pas d’enseignement et puis il y a enfin les Fellows qui sont des personnes à qui l’on va, en général, offrir un bureau et un environnement de travail mais sans rémunération ».
« Ces personnes peuvent éventuellement donner quelques conférences et assister aux séminaires. C’est la forme la plus lâche d’association à l’institution. C’est ce qui a été proposé à Youssef Chahed », explique Elyès Jouini.
Il a estimé que « Fellow à Harvard c’est très bien mais cela ne saurait en aucun cas être traduit par agrégé supérieur de recherche qui, soit dit en passant, ne veut rien dire mais est suffisamment ronflant pour tromper son monde ».
« C’est ce que l’on propose à un collègue d’une autre université et que l’on souhaite pouvoir accueillir mais sans l’impliquer davantage dans la vie de l’institution.
C’est également ce que l’on propose à un étudiant brillant venant d’un autre pays et qui est alors libre d’assister aux enseignements et aux séminaires qu’il souhaite mais sans diplomation à la fin. C’est ce que l’on va offrir à une personnalité dont les fonctions antérieures ou courantes font qu’il est mutuellement intéressant de communiquer sur une association aussi lâche fut-elle. Dans ce cas, le « Research » de l’intitulé est purement protocolaire, il ne saurait être réellement question de recherche », lit-on dans le post publié par Elyès Jouini.