Publié le 24-03-2023
Crise économique : le Liban vit un ''moment très dangereux'', avertit le FMI
Le Liban, où la crise économique s'aggrave de jour en jour, vit "un moment très dangereux", a averti jeudi un responsable du Fonds monétaire international, déplorant la lenteur de la mise en œuvre des réformes par les responsables politiques.
"Nous pensons que le Liban se trouve à un moment très dangereux, à la croisée des chemins", a déclaré lors d'une conférence de presse Ernesto Ramirez Rigo, au terme d'une mission à Beyrouth. "Le processus de mise en œuvre" des réformes nécessaires "a été très lent", a ajouté le responsable, prévenant que "la politique d'inaction va laisser le Liban plongé dans une crise sans fin".
Le FMI a annoncé en avril 2022 un accord de principe avec Beyrouth pour une aide de trois milliards de dollars, échelonnée sur quatre ans mais conditionnée à la mise en œuvre de réformes, dont une évolution de la loi sur le secret bancaire ou une restructuration du secteur bancaire ainsi qu'une loi sur le contrôle des capitaux.
Ce n'est pas la première fois que le Fonds dénonce la lenteur des autorités libanaises dans la mise en place de ces réformes. "Le temps passe, cela fait presque un an que nous sommes parvenus à un accord", a déploré le responsable du FMI. "Les Libanais ont fait des progrès, mais malheureusement ces progrès sont très lents".
Depuis 2019, le Liban est plongé dans une profonde crise économique imputée par une grande partie de la population à la mauvaise gestion, la corruption, la négligence et l'inertie d'une classe dirigeante en place depuis des décennies. La monnaie locale a perdu plus de 98% de sa valeur par rapport au dollar sur le marché parallèle, tandis que des restrictions bancaires draconiennes empêchent les épargnants d'avoir librement accès à leur argent.
Mercredi, des centaines de Libanais, dont un grand nombre de militaires à la retraite, ont manifesté à Beyrouth contre la détérioration des conditions de vie et l'effondrement vertigineux de la monnaie nationale, avant d'être dispersés à coups de gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre.
AFP