Publié le 24-12-2024
Naoufel Saied : Pourquoi l'offre politique du président Kais Saied est salutaire pour la Tunisie
Cet article est écrit par Naoufel Saied, frère du président Kais Saied et directeur de sa campagne présidentielle.
Il apporte un éclairage sur les propositions politiques du président Saied, en les présentant comme une réponse salutaire aux défis auxquels la Tunisie est confrontée.
En Tunisie, la configuration partisane post-révolutionnaire qui a prévalu après 2011 est « anachronique », « perchée dans les nuages », pour reprendre la description d’Antonio Gramsci sur la « crise organique ».
Aucun des partis impliqués n'est en mesure de répondre aux tâches historiques du moment. Les intérêts des élites liées à l'ancien régime ne sont plus suffisamment cohérents pour former un parti durable.
Les autres ne sont que des regroupements éphémères autour de candidats présidentiels ou des mobilisations fragmentées. Quant à la « gauche », incapable de représenter les mobilisations sociales, elle a quasiment disparu de la scène.
Une grande partie de l’impasse actuelle peut être attribuée au fameux « consensus » ou « tawafoukat » entre les anciennes élites (représentées entre 2012 et 2019 par le parti Nidaa Tounes avant sa dislocation) et les nouveaux prétendants islamistes au pouvoir d’Ennahdha. Considéré comme une condition préalable à une transition « réussie », ce pacte n’a jamais dépassé les intérêts étroits des parties concernées pour instaurer un nouvel ordre.
Bien qu'il ait permis de « pacifier » temporairement le pays en 2013 après l’assassinat de deux figures de gauche (Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi), ce « consensus » a neutralisé toute volonté de changement et créé un fossé entre ces élites et le peuple, qui les rejette massivement.
La réduction de la transition à une simple compétition électorale formelle, avec l’évacuation de toute dimension politique et la négligence délibérée des questions démocratiques et citoyennes à l’origine du soulèvement de 2010, a transformé les élections en une simple conquête de positions de pouvoir et de rente.
Cela a aiguisé les appétits et les concurrences sans structurer le champ politique ni poser les bases de la reconstruction de l’État. La conséquence a été la reconstitution de facto, au niveau local, des structures de pouvoir de l'ancien système, mais sans le centre qui dictait l'équilibre, donnant ainsi libre cours à une concurrence exacerbée, qui multiplie les fragmentations.
Si la démocratie est un idéal souhaitable, c'est moins pour les formes institutionnelles qu’elle prend (qui ne sont que des moyens) que pour les résultats qu’elle produit.
En l’occurrence : réduire le fossé historique entre l’État et la société, transformer le modèle économique qui prive la majorité des Tunisiens de leur citoyenneté sociale.
Ne répondant pas à ces attentes, le récit démocratique est resté le discours légitimant d’une élite incapable de relever les défis sociaux. Il n’est pas devenu un nouveau récit national.
Cela a ouvert la voie à une offre collective de rédemption portée par l’action d’un leader charismatique : Kais Saied, qui a su conquérir ces espaces de « non-sens politique » en contournant les rouages institutionnels créés par la constitution de 2014.
Jusqu’à présent, l’offre politique du président Kais Saied a reçu le soutien de larges segments de la société et fait sens pour eux. En effet, M. Kais Saied est actuellement le seul acteur politique majeur qui semble gagner des points dans plusieurs « espaces de sens », étant le seul à avoir su transmettre un discours significatif, audible et crédible pour une large partie de la société tunisienne.
L’une des tâches les plus importantes que M. Kais Saied s’est fixées depuis le 25 juillet 2021 est précisément de transformer l’État et ses structures économiques sous-jacentes, dans le but de produire un nouveau contrat social entre l’État et la société, avec l’espoir de fournir au peuple les outils pour exprimer véritablement sa volonté, conformément aux promesses électorales faites lors de la campagne présidentielle de 2019.
Conscient que l’établissement d’un nouveau « consensus » avec l’ancienne élite, responsable des blocages ayant conduit au 25 juillet 2021, ne peut qu’aboutir à une nouvelle neutralisation de toute volonté de transformation de l’ordre politique établi, il a exclu cette possibilité dès le départ. Il a préféré l’instauration d’une nouvelle constitution avec de nouvelles institutions, établissant ainsi, à travers elles, de nouveaux liens avec le peuple.
Il a ainsi tenu ses promesses électorales en s’abstenant délibérément de présenter, pendant sa campagne, un programme électoral que les candidats avaient, par le passé, pris l’habitude de préparer avant de le trahir une fois élus. Cette campagne explicative consistait à sensibiliser les électeurs au fait que ce dont ils ont besoin avant tout, c’est d’outils juridiques appropriés pour exprimer leurs opinions et mettre en place des programmes conformes à leurs réalités et à leurs besoins.
Ils n’ont plus besoin des bavardages électoraux auxquels les candidats les ont habitués avant de se lancer cyniquement dans des campagnes riches en argent. Après l’échec des soulèvements populaires réprimés et celui de l’islam politique dans la gestion de certains pays (notamment le Maroc, l’Égypte, la Tunisie et la Libye), ces mêmes populations rêvent désormais davantage de développement économique et de prospérité. À cet égard, l’approche de Kais Saied a permis, pour la première fois dans l’histoire récente du pays, de tisser des liens de confiance entre l’État et le peuple, une confiance retrouvée, renouvelée, que l’ancienne élite dirigeante avait cyniquement détruite pendant des années.
Cette confiance retrouvée est à l’origine de la résilience remarquable dont la société tunisienne a fait preuve face, avec le président Kais Saied et grâce à lui, aux débâcles éhontées de l’ancienne élite dirigeante durant toute une décennie. De ce point de vue, le président Kais Saied a été et reste une garantie incontestable de la stabilité du pays.
En revanche, qu’attendre d’une élite politique qui a obstinément dilapidé son capital de confiance avec le peuple et qui n’a jamais fait preuve de remise en question ni de critique de son bilan catastrophique, que ce soit lorsqu’elle était au service de Ben Ali ou lorsqu’elle a exercé le pouvoir pendant une décennie marquée par les mensonges et les contre-performances aux niveaux social et économique ? Est-il encore possible de gouverner en Tunisie en ignorant la confiance si chèrement gagnée par le président Kais Saied ? Est-il encore possible de gouverner la Tunisie par le biais d’un État prédateur, comme ce fut le cas sous Ben Ali ou sous le fameux « tawafoukat » ? Sans aucun doute, non.
S’obstiner dans cette direction risque d’entraîner la Tunisie dans une zone de turbulence et d’instabilité pouvant affecter toute la région.
Kais Saied a tracé une nouvelle voie difficile à ignorer, quelles que soient les critiques formulées par certains.
Il a conquis un espace de sens politique, intelligible et digne de confiance pour une large partie de la société tunisienne, tandis que les autres membres de l’élite politique qui lui sont opposés continuent d’occuper des espaces de non-sens politique qu’ils ont eux-mêmes patiemment construits au fil d’une décennie, voire plus, au prix de mensonges, contre-vérités, contre-performances et prédation.
Leur aversion pour Kais Saied ne constitue pas un programme politique et ne leur permettra certainement pas de créer un nouvel espace de sens politique capable de rassembler une masse de citoyens susceptibles de faire pencher la balance en leur faveur. abstract :