Publié le 31-01-2025
Mohamed Louzir : ''Il Est Urgent D’adopter un Modèle d'Investissement Plus Durable''
La Chambre de Commerce a réalisé son baromètre économique pour la période de décembre 2024, une étude qui permet d'analyser l'état des entreprises adhérentes et de dégager les tendances économiques actuelles.
Comme l'explique Mohamed Louzir Secrétaire Général de la CCITF « Nous avons démarré cette enquête en octobre, et nous la réalisons chaque année à la même période. L'année dernière, nous avions obtenu 180 réponses, tandis que cette année, nous en avons recueilli 243, ce qui rend notre échantillon plus représentatif ».
Une Croissance en Légère Décélération
L'un des constats majeurs de cette édition est la croissance du chiffre d'affaires des entreprises adhérentes, qui atteint 42 %. Cependant, Mohamed Louzir précise que «cette croissance est en décélération de 5 % par rapport à 2023.
Il y a donc une croissance, mais elle est moins soutenue ». Par ailleurs, le baromètre met en lumière une stagnation des investissements : « Certaines entreprises n'ont pas investi, et celles qui l'ont fait n'ont pas investi autant qu'elles le souhaitaient ».
Un Climat Économique et Fiscal Difficile
L'étude révèle aussi une discordance entre les prévisions et les réalisations. « Lorsque nous avons interrogé les entreprises en décembre 2023 sur leurs perspectives pour 2024, elles étaient plus optimistes. Finalement, les réalisations ont été inférieures aux prévisions, traduisant une certaine stagnation ou un essoufflement », explique Mohamed Louzir. Cette tendance s'observe également à l'échelle nationale : « La croissance annoncée dans le budget de l'État n'a pas été atteinte, et la croissance globale du pays tourne autour de 1 %, ce qui signifie que nous ne créons pas suffisamment de richesse ».
La pression fiscale constitue l'un des principaux freins à l'investissement. « Lorsqu'on interroge les entreprises sur les contraintes, 96 % citent en premier lieu la pression fiscale, suivie des difficultés financières et des lourdeurs administratives. En Tunisie, la pression fiscale a dépassé les 35 %, ce qui nous place parmi les pays les plus taxés d'Afrique et même au-dessus de certains pays de l'OCDE », alerte Mohamed Louzir.
Vers un Modèle d'Investissement Plus Durable
Face à ces enjeux, la recommandation principale est de favoriser la création de richesse plutôt que d'alourdir encore la fiscalité : « Il faut cesser d'équilibrer le budget uniquement par l'augmentation des impôts et plutôt élargir la base fiscale en stimulant l'investissement », suggère-t-il.
Malgré ces difficultés, un certain optimisme se dessine en ce qui concerne l'environnement politique et économique : « L'année dernière, l'incertitude était très forte à cause des élections, mais aujourd'hui, les acteurs économiques sont plus rassurés ».
De plus, un mouvement vers un développement durable commence à émerger : « Même si beaucoup d'entreprises ne sont pas directement concernées par la taxe carbone, elles commencent à investir dans les nouvelles technologies, le bien-être au travail et d'autres aspects importants ».
Un Positionnement Stratégique pour l'Avenir
Mohamed Louzir met en avant l'opportunité offerte par la position géographique de la Tunisie : « Nous sommes situés au sud de l'Europe et au nord de l'Afrique, avec un vivier de talents très compétents. Nos experts sont très recherchés dans divers domaines, comme la médecine, la technologie et l'enseignement ».
Un secteur-clé pour l'avenir est celui de l'énergie : « La balance commerciale du pays est très impactée par le coût de l'énergie, avec plus de 7 milliards de subventions étatiques. Si nous investissons intelligemment dans les énergies renouvelables, cela pourrait devenir l'avenir économique de la Tunisie, en nous appuyant sur nos talents et nos capacités technologiques».
Ainsi, malgré un contexte difficile, des leviers existent pour stimuler l'économie et encourager un modèle de développement plus durable et innovant.