Publié le 14-04-2025
Le secteur public emploie près de 20 % des travailleurs en sous-traitance
Près d’un ouvrier en sous-traitance sur cinq travaille dans des structures publiques, a révélé l’économiste et spécialiste des risques financiers Mourad Hattab. .

Il a souligné que les administrations de l'État figurent parmi les principaux contrevenants à la loi de 1985, qui interdit le recours à la sous-traitance, à l'emploi précaire et aux contrats à durée déterminée.
Lors d’un débat organisé dimanche à Sfax autour du projet présidentiel visant à réviser le Code du travail et à encadrer les prestations de sous-traitance, Hattab a indiqué que le nombre total d'entreprises opérant dans ce secteur, qu'elles soient déclarées ou non, avoisine les 300. Parmi elles, 90 sont basées à Sfax, une ville qui occupe une place centrale dans l’économie nationale. Selon lui, environ 230 000 personnes travaillent dans la sous-traitance en Tunisie, dont 167 000 dans les domaines du nettoyage et du gardiennage. Il a affirmé que l'intégration de ces travailleurs est nécessaire, car ils exercent des fonctions pérennes.
Hattab a également mis l’accent sur l'urgence d’une meilleure régulation du secteur du gardiennage, en pleine expansion, tout en exprimant ses inquiétudes quant au risque de non-application de la future réforme du Code du travail une fois promulguée.
L’économiste a rappelé qu’environ 1,6 million de Tunisiens exercent aujourd’hui des emplois précaires. Cette situation a généré d’importantes pertes pour la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), estimées à 1,4 milliard de dinars en 2020, selon les chiffres de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES), relevant de la présidence de la République.
Il a insisté sur la nécessité de mettre en place des solutions concrètes pour les travailleurs précaires, en régularisant leurs situations contractuelles et salariales. Le projet d’amendement du Code du travail, initié par la présidence, s’inscrit dans cette logique, en visant à réaffirmer le rôle social de l'État et à mettre fin à des pratiques illégales ancrées depuis des décennies. « Pour la première fois dans l’histoire du pays, ce secteur sera encadré sur le plan social », a-t-il affirmé.
Il a rappelé que de nombreuses dérives ont été enregistrées depuis 1966 et renforcées en 1996, provoquant des conséquences économiques dramatiques pour des centaines de milliers de travailleurs surexploités. Il a enfin appelé à la mise en place d’un mécanisme de contrôle rigoureux pour garantir l'application effective et équitable de la nouvelle législation