Publié le 14-04-2025
Arabie saoudite sous tension : la chute du prix du baril fait exploser le déficit
La chute des prix du pétrole, alimentée par une baisse de la demande mondiale, des tensions commerciales internationales et une surchauffe de l’offre, pourrait plus que doubler le déficit budgétaire de l’Arabie saoudite, selon un économiste de Goldman Sachs.

Cette situation met en lumière la pression croissante sur le royaume pour réviser ses plans de dépenses colossaux liés à la stratégie Vision 2030, censée diversifier son économie au-delà des hydrocarbures. Parmi les projets emblématiques figure Neom, une mégapole futuriste dans le désert, estimée à 1 500 milliards de dollars.
Le royaume accueillera également des événements coûteux comme la Coupe du monde 2034 et l’Exposition universelle de 2030. Pour équilibrer son budget, l’Arabie saoudite a besoin d’un baril à plus de 90 $, alors que Goldman Sachs a revu sa prévision à la baisse à 62 $ le baril d’ici fin 2025.
À ce niveau de prix, le déficit pourrait grimper à 75 milliards de dollars, contre 30,8 milliards actuellement. Cela impliquerait davantage d’emprunts, des réductions de dépenses, voire une vente d’actifs tels que Saudi Aramco ou Sabic, selon Farouk Soussa, économiste pour la région MENA chez Goldman Sachs.
Bien que l’endettement du royaume reste faible (moins de 30 % du PIB fin 2024), une émission de 75 milliards $ de dette serait difficile à absorber pour les marchés, d’autant plus dans un contexte de volatilité financière internationale.
Des scénarios alternatifs comme la hausse des taxes, la réduction des investissements ou la cession de parts dans des entreprises publiques sont sur la table. Certains projets de Neom pourraient être abandonnés, estiment des économistes régionaux.
Malgré les risques, l’Arabie saoudite bénéficie d’une solide notation de crédit (A/A-1 par S&P et A+ par Fitch) et d’importantes réserves de devises étrangères (410,2 milliards $ en janvier), ce qui lui laisse des marges de manœuvre significatives.
Des réformes économiques pour attirer les investisseurs étrangers ont également été lancées, renforçant la résilience économique du royaume, selon S&P Global. Soussa conclut que l’Arabie saoudite n’est pas en crise mais doit choisir avec prudence les solutions à ses défis budgétaires croissants.
Le baril de Brent s’échangeait à 63,58 $ jeudi matin à Londres, en baisse de 14 % depuis le début de l’année.