'El3icha chkaier' de Jawher au festival de Hammamet

Visiblement, il ne faut pas avoir beaucoup de génie pour écrire des chansons en dialecte tunisien. Il suffit de rassembler des termes d’un même champ lexical ayant des terminaisons rimées. En tout cas, c’est à peu près ce que nous avons constaté lors du concert de Jawher Basti à Hammamet.

Le spectacle du mercredi 04 août 2010 à l’amphithéâtre de Hammamet, était partagé en deux parties. Le début a été animé par le jeune musicien Jasser Hadj Youssef avec son spectacle qui a duré une heure à peu près, "Jazz Fusion".

Jasser a essayé, malgré son jeune âge et le trac, de donner de son âme en musique en compagnie d’une troupe de musiciens étrangers. Jasser qui a joué avec des noms connus comme Youssou N’Dour et Fawzi Chkili, a mêlé Jazz et musique arabe dans des compositions harmonieuses. Le vent qui n’a pas épargné la scène ce soir là, a un peu dérangé le groupe. Mais le public n’a pas accordé beaucoup d’importance aux conditions de la sono et a beaucoup applaudi la prestation. Il y a, certes, du travail à faire concernant la mise en scène mais le spectacle en sa globalité était très « correct ».

A 23h, Jasser devait céder  la scène à son collègue Jawher Basti qui est rentré avec sa troupe une demi-heure après, en s’excusant auprès du public. En effet, l’installation technique a ses exigences.

Jawher est arrivé en Dengri bleu et cache-col rappelant une ambiance hivernale pluvieuse. Jawher a voulu peut être montrer son attachement à l’identité tunisienne à travers un habit traditionnel revenu à la mode. Cependant, entre marseillaise, pantalon en lin, guitare et rythmes occidentaux, la composition souffrait d’un bémol.

Notre compositeur a commencé son spectacle avec une chanson intitulée « El3icha chkaier ». On ne sait toujours pas ce qu’il a voulu dire avec cette chanson. Les paroles n’étaient pas très claires. Mais apparemment, d’après ce que nous avons pu distinguer, il s’agit d’une critique de l’injustice sociale. Le sujet pouvant être intéressant, les paroles n’étaient pas vraiment à la hauteur du constat. Fallait-il encore que le chanteur révise son lexique et sa prononciation.

Ça se voyait que Jawher avait le tarc, il n’arrêtait pas d’enchainer les discours entre les chansons. Des fois, on avait l’impression d’être devant un chroniqueur.  Ne voulant pas être injuste, on peut comprendre, cependant, qu’il soit à sa première prestation solo en Tunisie. Dans un festival comme celui de Hammamet, ça doit être assez dur.

D'ailleurs, Jawher Basti n'a pas hésité; au début de sa préstation, de lancer: "je souhaite ne pas être trahi par ma voix, parce qu'à la base je suis acteur." Il s'est casé lui même. Alors, soit il n'est pas sur de ce qu'il fait, soit sa réplique est entièrement déplacée.

Sur le reste, Jawher a mieux chanté les titres en anglais. Sa voix était plus fluide. C’est peut être le genre de musique dans lequel il se sent plus à l’aise. Il est temps pour le jeune acteur de revoir ses choix musicaux.

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