Publié le 06-03-2018
Interview : Nadia El Fani, cinéaste menacée de mort parce qu'athée
Une interview tronquée de l'auteur de « Ni Allah, ni maître » suscite la haine des islamistes, qui multiplient les attaques. A chaque fois qu'elle tape son nom sur Facebook, elle découvre une nouvelle page d'appel à la haine contre elle. Le compte « Pour qu'il y ait dix millions de crachats sur la tête de cette truie chauve » a totalisé près de 35 000 « j'aime ».
Nadia El Fani, 51 ans, est réalisatrice de films. Fille d'un des fondateurs du Parti communiste tunisien (à qui elle a consacré un film) elle s'est installée en France il y a dix ans parce qu'elle étouffait sous le régime de Ben Ali. En 2003, dans « Bedwin Hacker », elle avait raconté que la contestation viendrait d'Internet. Puis elle a eu envie de faire un film sur l'athéisme en terre d'islam.
C'était avant la révolution. Nadia El Fani a filmé les « résistants au ramadan », ceux qui mangent pendant la journée ou boivent de l'alcool en cachette. Elle avait été autorisée à tourner en Tunisie parce qu'officiellement il s'agissait d'un film sur les fêtes du ramadan.
Pour le documentaire « Ni Allah, ni maître », Nadia El Fani se met en scène en train de discuter avec des Tunisiens de la rue sur la place de la religion dans la société. Elle dénonce « l'hypocrisie sociale » qui règne en Tunisie, où « une majorité des gens ne font pas ramadan mais se cachent ». Elle voudrait que la religion soit une affaire privée, et déplore que l'article 1 de la constitution de son pays dise « la religion est l'islam. »
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