Publié le 06-03-2018
En vidéos - Mères célibataires au Maghreb, recueil d'expériences de ces femmes rejetées par la société
Majoritairement issues de milieux défavorisées, souvent mineures, au Maghreb, les mères célibataires rencontrent beaucoup de difficultés pour garder leurs enfants et assurer leur rôle de parent.
Lors d’une conférence de presse tenue aujourd'hui par l’ONG Santé Sud, les résultats d’une étude menée conjointement avec plusieurs acteurs publics et de la société civile sur trois pays (Tunisie, Algérie, Maroc) ont été révélés.
L’enquête est présentée sous la forme d’un récit narratif portant le titre « Mères Célibataires au Maghreb, défense des droits et inclusion sociale », elle est basée sur les témoignages de 125 actrices et acteurs de la société civile qui travaillent sur l’inclusion sociale de ces femmes.
« Et quand en plus d'être femme, on est une mère célibataire, qui a vu pousser dans son ventre le fruit d'un pêché, nos sociétés nous livrent l'horreur d'un comportement, d'un jugement et d'un châtiment » Leyla Toubel, préface du livre Mères Célibataires au Maghreb.
Le livre se compose de 5 axes répartis sur 5 chapitres. Le premier s’intéresse à la période où la femme découvre qu’elle est enceinte, le deuxième à l’accouchement, le troisième à la décision au sujet de l’avenir, le quatrième aux étapes d’accompagnement pour garder l’enfant, le dernier à la sensibilisation aux droits des mères.
Adaptation professionnelle inadéquate, cadre juridique sévère, accompagnement social… plusieurs obstacles parsèment le chemin d'une mère célibataire en Tunisie mais aussi au Maroc et en Algérie.
Chez nous et selon le ministère des affaires sociales, elle ont été près de 862 à donner naissance à un enfant sans être mariées pour autant en 2014.
Elle se répartissent majoritairement sur les grandes villes : Tunis arrive en tête suivie de Sousse et de Nabeul.
Pointées du doigt voire criminalisées par une société dont les valeurs morales condamnent une femme qui donne naissance à un enfant en dehors du cadre du mariage, la plupart des mères célibataires se retrouvent obligées d'abandonner leurs enfants. Rejetées par la société, fragilisées par un cadre législatif qui ne garantit pas leurs droits, elles sont stigmatisées et discriminées assure le rapport de Santé Sud.
« La maltraitance verbale et parfois physique que subissent ces mères (et dans bien des cas, leur bébé) de la part d'une partie du corps médical, des professionnels de santé et des assistantes sociales dans les hôpitaux et les maternité de ces trois pays (Tunisie, Maroc, Algérie NDLR) est un véritable fléau dont beaucoup osent parler à découvert » rapporte le livre de récit basé sur des témoignages.
L'idée du projet menée par la société civile (Santé SUD, Réseau Amen Efance Tunisie et Insaf de Casablanca) est née pour compenser le manque de réactivité des institutions de l’État.
Le projet vise à :
-Améliorer l'insertion sociale des mères célibataires en leur fournissant un accompagnement psychosocial et en les informant de leurs droits.
-Mettre en place un dispositif de formation professionnelle adapté aux besoins de ces mères.
-Faire travailler les acteurs clés en réseau
Le nombre de bénéficiaires de ce projet est de 60 000 par an (sur le Maghreb) répartis entre les mères et leurs enfants.
Qui est Santé Sud :
Hajer Boujemâa